Comme dans un rêve, la success-story de la marque Wallyscar continue de se dessiner et de se confirmer, apportant la preuve que la construction automobile n’est pas uniquement l’affaire des pays riches.
Croire en son rêve, le poursuivre, s’engager et se mettre à l’ouvrage, échouer puis se relever, échouer encore une fois pour se relever une deuxième fois, tenir le coup encore et encore pour enfin réussir ; c’est le passage obligé et naturel d’un entrepreneur qui en veut. La construction automobile est encore plus complexe, particulièrement dans un contexte difficile et sur un marché cruellement en manque de culture et d’expérience dans la construction automobile.
L’histoire de l’entreprise Wallyscar, fondée par les frères Omar et Zied Guiga, est la meilleure illustration d’une success-story à la tunisienne : deux jeunes ayant cru suffisamment fort en leur rêve d’industrialiser la première voiture tunisienne qu’ils en sont arrivés à lever tous les obstacles, y compris les difficultés financières, sociales et administratives.
Naissance de l’idée
L’idée est née il y a à peu près 13 ans (2005) sur une île française du Pacifique Wallis (Wallis-et-Futuna) qui a inspiré le nom de la marque automobile en question lors d’une rencontre entre l’ancien constructeur automobile des Jeep Dallas, René Boesch, et les frères Guiga. De là est arrivé le déclic : créer une marque de voitures tunisienne inspirée de la marque américaine. En 2006, l’idée a commencé à prendre forme. Les deux frères, passionnés de véhicules de niche depuis leur plus jeune âge, fondaient donc leur société et engageaient le travail de conception. Dans un modeste atelier situé dans une banlieue de Tunis, ils dessinent le tout premier prototype de la Wallys en se reposant particulièrement sur quatre aspects-clés : des dimensions limitées afin de circuler et stationner aisément ; un véhicule robuste et économique, un style néo-rétro avec des lignes intemporelles et un véhicule d’une grande fiabilité.
Avec un capital d’à peu près 50.000 dinars seulement et dans un petit atelier de 500m², Zied et Omar Guiga se sont lancés dans une aventure à haut risque. Cependant, les doutes et la complication du travail n’a pas empêché les deux frères d’avancer et de continuer à rêver.
Le rêve se concrétise
Après un long travail laborieux de conception, de création et d’exécution, sans oublier toute la paperasse qui va avec, le bébé naquit. Wallys Izis, le premier modèle de la marque, sortait de la petite usine des frères Guiga et était présenté au public lors du Salon de l’Automobile 2008 à Paris.
Une première épreuve destinée à tester la réaction du grand public et le degré d’accueil réservé à la première voiture tunisienne. Le premier contact avec un public international fut très encourageant. Et le concept proposé par les deux frères Guiga impressionna joliment les visiteurs autant professionnels que particuliers.
Le public découvrit alors en effet un concept de véhicule balnéaire hors des sentiers battus. De la fibre de verre pour carrosserie, un châssis galvanisé et une motorisation PSA Powertrain. Le choix du moteur n’était pas fortuit. Les concepteurs cherchaient en fait à éviter toute éventuelle complication liée au service après-vente. Etant donné que le moteur PSA Powertrain est largement commercialisé en Europe et que les ateliers de réparation de PSA sont disponibles un peu partout, le choix du moteur était parfaitement étudié et réfléchi. Autre point déterminant, l’incapacité financière d’une petite entreprise comme Wallyscar pour développer un réseau d’entretien et de réparation en Europe.
La simplicité qui prime
À bord d’un véhicule Wallys, c’est l’expérience de la simplicité qui prime, selon la définition de ses concepteurs. Le choix était donc fait pour que les clients ne soient pas prisonniers des technologies embarquées complexes. Leur approche se concentre principalement sur la sécurité et la fiabilité.
Après l’expérience du Salon de l’Automobile de 2008, le modèle était homologué en Europe et le coup d’envoi de sa production donné dès 2009. Il connait alors un franc succès sur le marché européen. Et la demande dépassa vite la capacité de production de l’entreprise. Les Wallys sont en effet soigneusement assemblées à la main et fabriquées avec des pièces de haute robustesse, développées en interne, avec un choix quasiment illimité de couleurs de carrosseries et de versions d’intérieur.
Plus de 2200 voitures
En 2013, Wallyscar livrait à ses clients les derniers véhicules Izis et commençait aussitôt la préparation de sa « grande sœur », la Wallys Iris. Avec ce nouveau modèle, l’entreprise décidait de déménager vers sa nouvelle usine plus moderne surplombant l’entrée Sud de Tunis (Kabaria). C’est là que Wallys développe et construit l’Iris avec un grand soin apporté aux détails du châssis, à la carrosserie, en passant par les nombreux composants mécaniques et électroniques.
Depuis ses débuts, Wallys a produit plus de 2200 voitures, avec des moteurs PSA Powertrain. Les frères Guiga ont choisi une voie lente mais sûre, ne voulant pas aller très vite pour pouvoir continuer la maîtrise de toutes les étapes de production, conscients que toute accélération pourrait engendrer des problèmes parfois ingérables.
Un nouveau cap
Aujourd’hui, les fondateurs de Wallyscar s’apprêtent à passer un nouveau cap avec de nouveaux projets très ambitieux. Il s’agit tout d’abord d’augmenter la capacité de production pour satisfaire une demande de plus en plus élevée, que ce soit à l’international ou sur le marché local. Autre objectif, le constructeur tunisien compte lancer, dans les prochains mois, le premier pick-up tunisien, le Idis. Avec un taux d’intégration s’élevant à 75%, il disposera d’une mécanique PSA. L’autre promesse d’avenir, une voiture 100% électrique. Wallyscar est en effet sur le point de préparer le concept-car du futur véhicule de la marque. Il sera baptisé « e-Iris » et devrait être prêt d’ici la fin de 2019. Mais cela n’est pas tout car les frères Guiga prévoient également la construction d’une nouvelle citadine 4 portes. Outre ces projets ambitieux, l’entreprise a décidé de se lancer également dans la fabrication des sièges de ses propres voitures afin de mettre un terme à la dépendance de l’importation. Le câblage, la suspension, le châssis, etc., sont 100% tunisiens. Avec la fabrication des sièges, l’entreprise passera d’un taux d’intégration de 57% à 62%.
Autant donc dire qu’à travers un rêve personnel, ils auront également réussi à créer de la valeur ajoutée dans la chaîne économique tunisienne et surtout démontrer qu’impossible n’est pas Tunisien.
Last but not least, rouler en Wallys est devenu un must sur nos routes. Un privilège et une fierté de rouler tunisien.
Kemel Chebbi