Entretien avec Slim Driss, directeur général de NIMR
NIMR, distributeur en Tunisie des marques Dongfeng et DFSK et filiale de Comet Group, acteur agissant dans le montage de matériel roulant en Tunisie (semi-remorques, camions, bus et véhicules légers), continue à placer ses pions sur le marché tunisien avec, en 2023, de nouveaux produits, le Forthing T5 Evo et le Glory 500. Le concessionnaire promet beaucoup d’autres nouveautés en 2024, y compris des modèles électriques et hybrides. La particularité avec NIMR, c’est que tous ses véhicules commercialisés en Tunisie sont montés localement. Ce qui lui permet de regarder au-delà des frontières du marché local. Slim Driss, directeur général de NIMR, explique, néanmoins, dans cette interview que le montage local n’est pas toujours une aubaine, du moins dans le contexte actuel.
Comment évolue l’activité de NIMR actuellement ?
Au niveau de NIMR, nous continuons à travailler sur les marques de véhicules particuliers que nous représentons en Tunisie, en l’occurrence, Dongfeng et DFSK. Celles-ci sont appréciées par notre clientèle et le retour par rapport aux différents modèles commercialisés est souvent positif. Ceux qui choisissent nos voitures sont généralement satisfaits par rapport à la qualité du produit lui-même et aussi du service.
La seule contrainte que nous rencontrons, néanmoins, c’est que nous travaillons en dessous de notre capacité réelle malgré la demande importante sur nos modèles. Pour parvenir à la satisfaire, nous devons accélérer notre production et notre cadence de montage des véhicules.
Ouverture prochaine de deux nouvelles agences à Djerba et à Gabès
Comment expliquer cette situation ? Envisagez-vous d’augmenter votre capacité de montage ?
Nous avons mis en place une nouvelle usine avec une capacité de production allant jusqu’à une vingtaine de voitures par jour, d’autant plus que notre nouveau site offre la possibilité d’une autre extension en cas de besoin. Hélas, nous n’avons pas pu faire démarrer cette deuxième usine à cause de certaines contraintes liées à l’activité du montage en Tunisie.
Nous sommes contraints aujourd’hui de payer des droits de consommation et des taxes jusqu’à 50% supérieures à celles payées par les importateurs de véhicules qui ne font pas du montage local. Paradoxalement, l’avantage fiscal va aujourd’hui à ces derniers étant donné qu’ils paient les droits de consommation sur le prix d’achat des véhicules.
En revanche, nous, qui faisons du montage local, payons, outre les droits de douane supplémentaires (qu’ils ne paient pas), les droits de consommation sur le prix de vente et non pas sur celui de l’achat. Nous payons ainsi 50% de taxes en plus en comparaison avec eux. Nous continuons, pourtant, le montage local même si nous vendons à prix coûtant. Nous le faisons parce que nous visons l’export. Nous allons continuer à développer notre production pour que nous puissions exporter nos produits vers les pays africains où nous sommes présents avec COMET Group.
Quel est votre agenda pour aller vers l’export ?
S’il n’y avait pas eu ces contraintes liées aux taxes, nous aurions dû démarrer notre deuxième usine et nous aurions pu commencer l’export vers des pays comme l’Algérie qui a repris l’importation des véhicules neufs. A l’heure actuelle, il y a un manque de visibilité concernant l’activité de l’export. Nous voulons, toutefois, avancer pas à pas et atteindre d’abord une capacité de production locale allant de 1000 à 2000 unités par an avant de nous diriger vers les marchés étrangers.
Aller vers l’export sans avoir les capacités nécessaires de production est trop risqué car si le marché demande 1000 unités, tandis que nous ne sommes pas en mesure de les fournir, cela pourrait engendrer des conséquences négatives comme la perte d’un marché. Nous attendons l’entrée en production de notre deuxième usine avant de nous lancer dans cette aventure. En visant l’export, notre objectif est aussi de consolider le taux d’intégration avec des composants automobiles locaux.
Or, les fournisseurs préfèrent travailler sur des quantités importantes qui dépassent actuellement notre capacité actuelle.
NIMR introduira entre 6 et 7 nouveaux modèles, y compris des modèles électriques et hybrides en 2024.
Quelles sont vos orientations stratégiques pour la commercialisation de vos véhicules sur le marché local ?
Nous sommes allés, depuis quelques temps, vers des produits plutôt haut de gamme à l’instar des modèles lancés récemment dont le Forthing T5 EVO et le crossover Glory 500. D’autres nouveautés suivront au fur et à mesure. Nous voulons travailler plus sur les gammes supérieures de Dongfeng et laisser les clients constater la qualité des produits de nos marques.
Quelles sont les nouveautés qui seront importées en 2024 ?
Les nouveautés ne manqueront. Nous prévoyons d’introduire entre 6 et 7 nouveaux modèles, y compris des modèles électriques et hybrides. Au menu, il y aura, par exemple, la petite citadine électrique de Dongfeng. D’autres modèles entre petits et grands SUV seront également lancés sur le marché tunisien.
Nouvelle usine d’une capacité de montage de 20 voitures par jour a été mise en place
Qu’en est-t-il de l’extension du réseau vers d’autres régions du pays ?
Nous continuons, évidemment, à étendre le réseau des agences pour être plus proches de nos clients. Nous avons, d’ailleurs, beaucoup de demandes pour ouvrir des représentations dans plusieurs régions sur le territoire tunisien. Nous sommes sur le point d’étudier les différentes propositions en vue de choisir les meilleurs partenaires pouvant mettre en valeur la marque avec beaucoup de sérieux et de compétence.
Nous souhaiterions avoir des agences qui représenteront la marque dignement en assurant un niveau de qualité de service élevée avec la disponibilité des pièces de rechange. Notre idée porte également sur l’implantation de nouvelles agences capables d’offrir les mêmes prestations que le siège et au même niveau de qualité.
Quelles sont les régions cibles ?
Nous allons inaugurer bientôt une nouvelle agence à Djerba et une autre à Gabès. Une extension au centre du pays s’impose également. Nous souhaiterions ouvrir 5 agences au total en 2024 et maintenir cette cadence durant toutes les prochaines années.
Vous venez de nouer un partenariat entre COMET Group et le géant chinois Sinotruk pour les poids-lourds. Que pouvez-nous dire à ce propos ?
Après une longue expérience en Afrique des deux groupes, nous avons pensé travailler ensemble pour y renforcer notre présence. Nous avons trouvé un point commun portant sur le montage de leurs camions en Tunisie pour les commercialiser d’abord sur le marché local mais également pour aller progressivement vers l’export et les marchés africains où nous sommes déjà opérationnels, sachant que COMET est aujourd’hui présente dans 8 pays africains. Sinotruk possède, de son côté, 70% environ du marché africain des camions poids-lourds.
Nous avons convenu maintenant de faire converger nos efforts en profitant de notre savoir-faire, de nos portefeuilles de clients avec le développement de la production en Tunisie en vue de consolider davantage notre position sur le marché africain.
Quels sont les pays cibles ?
COMET est présente aujourd’hui au Togo, au Sénégal, au Mali, au Niger, en Guinée et au Ghana. Ce sont donc les principaux pays cibles avec la Côte d’Ivoire où nous possédons déjà une usine. Sans oublier, par ailleurs, l’Algérie où nous fabriquons également des semi-remorques depuis plus de 15 ans.