Dans un climat d’investissement compliqué et une conjoncture internationale peu favorable, avec une pénurie de semi-conducteurs et une hausse exponentielle du coût du transport maritime par conteneurs, le groupe français Bontaz, équipementier automobile et leader mondial des systèmes hydrauliques, continue de miser sur la Tunisie avec l’extension de son activité localement et l’inauguration de la première salle grise industrielle dans le pays.
Bontaz Tunisie a inauguré récemment la première salle grise industrielle en Tunisie. Quelle utilité et importance de cette nouvelle structure ?
La salle grise est l’équivalent de la salle blanche dans le domaine pharmaceutique. Il s’agit d’une salle propre sous pression pour éliminer la poussière, gênante au fonctionnement de nos pièces. Il suffit d’un rien pour que le coulissement du noyau, facilitant le dispatching d’huile, soit bloqué s’il porte des impuretés. La propreté est une exigence de nos clients. Nous assurons un suivi minutieux du nettoyage de toutes les pièces, très chères, en installant une machine de lavage par laquelle elles passent avant d’entrer dans la salle grise pour en enlever les impuretés.
Le groupe Bontaz est installé dans 11 pays dans le monde. Quels motifs justifient le choix de la Tunisie ?
Bontaz Tunisie fut le premier site mis en place en dehors de l’Europe. C’était en 2007. La Tunisie est un pays très compétent dans le secteur automobile. C’est un pays Best Cost où les prix sont très compétitifs, devant même la République tchèque qui l’était en 2003. Le site tunisien est le plus performant du groupe après la Chine en matière de production. Nous sommes à 98% de performance. Un chiffre qui signifie gain d’argent. Bontaz Tunisie est, à titre d’exemple, le meilleur fournisseur de General Motors pour la troisième année consécutive et est certifié par plusieurs autres constructeurs automobiles.
Quelles sont vos principales activités ?
Notre activité est axée essentiellement sur tout ce qui est ingénierie de process pour les sites de la Tunisie, de l’Inde, de la Chine, du Brésil, du Maroc et pour le compte de nos principaux clients. Nous assurons la conception, l’usinage, l’assemblage, l’automatisation et la livraison des lignes de production vers ces filiales. Elle comporte aussi la production, la Supply Chain, la qualité, la méthode, la maintenance, la sécurité, etc.
Quels sont vos principaux clients et quelles sont les performances chiffrées réalisées par Bontaz Tunisie ?
Nous sommes un équipementier de premier rang. Nous livrons directement les usines de construction automobile. Nos principaux clients sont le groupe Stellantis, Ferrari, Ford, General Motors, Jaguar, BMW, Daimler, Renault, Volkswagen, DAF, Volvo, etc. Le chiffre d’affaires de notre site varie entre 39 et 50 millions d’euros par an. Entre 45 et 50 millions de pièces sortent chaque année de notre usine, sachant que chaque pièce contient 5 composants, soit un total de 250 millions de composants qui tournent chaque année dans notre usine.
Y-a-t-il des freins entravant aujourd’hui votre activité ?
Il n’y a pas de soucis particuliers, sauf éventuellement le manque d’aide à l’investissement et la lourdeur administrative. Nous souhaiterions avoir des services concentrés dans un seul lieu afin de faciliter les procédures administratives et aller plus vers la digitalisation. En 2021, il est contraignant d’attendre encore pour avoir l’approbation pour une étude effectuée en 2011. Ces démarches administratives constituent un fardeau pour notre activité, d’autant que nous évoluons, dans notre usine, dans un monde digital et automatisé, loin des complications de la paperasse et des formalités.
Quelle stratégie adoptez-vous pour le recrutement et la formation ?
La formation est assurée en interne par nos cadres et nos techniciens. Le savoir-faire technique a été transféré par les Français. Toutefois, depuis 2014, il n’y a aucun étranger travaillant à Bontaz Tunisie. Étant donné que nos documents sont tous en langue française, nous choisissons les opérateurs avec un niveau minimum de la 9e année de base ou baccalauréat pour qu’ils puissent les comprendre facilement. Pour le middle-management, nous optons pour des personnes sans expérience et leur inculquons la culture Bontaz, en évitant ainsi les problèmes d’adaptation ou les éventuels conflits avec les cultures acquises lors de précédentes expériences. Nous favorisons généralement le recrutement interne dans l’objectif d’assurer un environnement social sain dans l’entreprise.
Quelles sont les perspectives de développement de Bontaz Tunisie et ses objectifs à court et à moyen-termes ?
Avec le groupe, nous avons tracé un objectif pour les trois prochaines années portant sur l’équipement des espaces non encore exploités dans l’usine. Le président du groupe a même parlé de la volonté de renforcer le site tunisien avec plus de technologies et d’y investir, entre autres, dans le vélo électrique qui est tendance actuellement. En fait, nous sommes en phase de développement d’un kit frein ou d’un kit moteur qui pourront être produits en Tunisie avec 700.000 à 800.000 pièces par an pour le compte de nos différents clients en Europe.
Par contre, le gicleur disparaîtra progressivement de notre activité parce qu’il s’agit d’un composant du moteur thermique, tandis que la tendance est plus orientée aujourd’hui vers le moteur électrique ou hybride. L’objectif est donc d’avoir toujours les dernières nouveautés technologiques.
De plus, nous sommes actuellement en phase de transformation digitale avec l’installation de nouveaux logiciels permettant d’optimiser notre efficacité au travail. Nous participons à la mise en place de ces transformations digitales au niveau du groupe à travers le chef projet métier (SME) qui s’occupe de la partie Supply Chain. Nous avons également un laboratoire pour essayer les applications en Smart Supply Chain. Une fois validées en Tunisie, elles sont déployées au niveau du groupe.