Face au déclin du système public de reprise et de régénération des huiles lubrifiantes usagées Eco-Zit, Agil et la Sotulub montent au créneau en engageant une campagne de sensibilisation.
Menace sur l’environnement: la collecte des huiles moteurs usagées, appelée communément Eco-Zit, connaît depuis 2019 une régression de volume. Classées comme produit dangereux pour la nature et pour l’homme, les huiles lubrifiantes font l’objet d’un système de récupération bien établi pour être ensuite recyclées sous la tutelle de la société Sotulub.
Sauf que la machine semble quelque peu enrayée et le rythme de collecte en net recul notamment à cause du détournement de l’usage des huiles à d’autres activités économiques non conventionnelles et à haut risque pour l’environnement et la santé publique.
« C’est un sujet environnemental par excellence qui concerne aussi les futures générations » a indiqué Sami Dhib, DGA d’Agil lors du démarrage de la campagne de sensibilisation entamée à Sousse par Agil et la Sotulub.
Agil et la Sotulub en campagne
La compagnie publique de distribution de carburant SNDP, connue sous le nom commercial d’Agil, a décidé, dans le cadre d’une démarche citoyenne, d’entrer en campagne avec la Sotulub, également entreprise publique qui a la charge de collecter les huiles usagées et les recycler dans son usine de Bizerte. Cette campagne a pour but de sensibiliser tous les acteurs, et notamment les exploitants de station-services, à la gravité de la revente des huiles usagées à des intervenants non règlementaires qui les récupèrent à des fins autres que le recyclage obligatoire.
Il faut en effet savoir qu’1 litre d’huile usée pollue 1 million de litres d’eau potable, soit la consommation de 55 personnes par an. Les hydrocarbures aromatiques provenant des huiles usées sont connues pour leur toxicité et leur aspect hautement cancérigène.
Pourtant, tout est formalisé par l’Etat depuis la création de la Sotulub en 1979 et par l’entrée en vigueur depuis 2004 du système Eco-Zit destiné à donner une nouvelle vie aux huiles usagées dans le cadre de l’économie circulaire comme l’a souligné Hamdi Guezguez, PDG de la Sotulub, à l’occasion du lancement de la campagne, soulignant l’engagement de l’entreprise qu’il dirige dans la protection environnementale.
Des réseaux parallèles
40% des huiles usagées échapperaient à la collecte si l’on en croit les estimations officielles. Les réseaux parallèles qui récupèrent les huiles usagées les revendent pour être brûlées en tant que carburant, pour le goudronnage des routes, voire même réexportées vers des pays voisins.
Les propriétaires des stations-services pointent du doigt d’autres acteurs et notamment les stations de lavage automobile qui s’adonnent à l’activité vidange sans en avoir le droit ni les compétences. Certains n’auraient même pas de fosse conventionnelle pour la récupération des huiles moteurs selon les normes. Les professionnels en appellent par conséquent aux municipalités afin qu’elle cessent d’accorder des autorisations d’exploitation à des opérateurs non réglementaires. Le reversement des huiles usagées dans le réseau d’égout n’est malheureusement pas rare, avec tous les risques que cela engendre.
Mais la problématique du prix de rachat des huiles usagées est finalement le nœud gordien. Quand le marché parallèle rachète les huiles recyclées à un prix meilleur que celui proposé par la Sotulub, il est clair que la balance penche en faveur de la question financière au détriment de l’engagement environnemental. Sur ce point, le PDG de la Sotulub botte en touche: « nous avons un rôle économique et nos coûts sont élevés » estime-t-il pour justifier de l’impossibilité d’augmenter les prix de la collecte. Dans cette situation, seul le bon sens doit prévaloir.
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