A Francfort, une année sur deux se déroule le salon Automechanika, rendez-vous planétaire des industriels du secteur de l’automobile. Du 10 au 14 septembre dernier, les professionnels y ont présenté leurs tout derniers produits et solutions innovantes pour le commerce de détail, les ateliers et l’industrie.
« Driving Transformation » : c’est le slogan sous lequel a été placée l’édition 2024 du salon Automechanika qui vient de se dérouler à Francfort en Allemagne. Cette transformation se justifie par le poids grandissant des technologies innovantes dans le secteur de l’automobile. Pour les opérateurs du secteur, l’évolution numérique, l’intelligence artificielle ou encore la mobilité durable sont autant de thèmes devenus incontournables.
Une multitude de sujets
Véritable « ville dans la ville », Automechanika a rassemblé les opérateurs traditionnels et les géants de l’industrie, mais également de nombreuses entreprises innovantes à la recherche de partenaires afin d’intégrer les supply-chain des mastodontes du secteur. En somme, une richesse d’innovations, en matière de systèmes de propulsion alternatifs, de durabilité, d’utilisation de l’IA (par exemple dans l’activité diagnostic) ou encore de la robotique.
Les présentations et les ateliers pratiques organisés tout au long des 5 journées ont concerné un très large éventail de sujets, comme la carrosserie et la peinture, les véhicules électriques, les véhicules commerciaux, la réparation de caravanes, l’impression 3D, l’esthétique, l’économie circulaire, les solutions de freinage…
Présence chinoise, turque et marocaine
Dans la multitude de stands participants, il n’y avait pas uniquement des exposants privés, mais de nombreuses nations venues de toute évidence avec le soutien de leurs pouvoirs-publics, afin de mettre en exergue leurs savoir-faire et leurs capacités de production dans la branche de l’Aftermarket automobile.
La présence chinoise a en tout cas été la plus impressionnante en termes d’espaces occupés et par le nombre d’exposants y ayant pris part. Preuve si besoin est une nouvelle fois que ce pays entend bien jouer les premiers rôles dans la branche à très court terme. Autres présences très significatives, celles de pays comme le Maroc et la Türkiye avec des stands très stylés, reflets volontaires d’une dynamique créatrice et entrepreneuriale.
Technologies, produits et solutions durables
L’événement a démontré cette année de manière impressionnante la flexibilité et la rapidité avec lesquelles l’industrie répond aux nombreux défis auxquels elle est confrontée, que ce soit en termes de durabilité, de numérisation… Les contraintes qui vont accompagner le secteur automobile avec la transition énergétique (dès 2025 notamment avec les nouvelles normes de dépollution) sont multiples et se doivent d’interpeller la filière tunisienne. Les normes ESG (environnementales, sociales et de gouvernance), critères utilisés pour évaluer la responsabilité sociale et environnementale ainsi que la gouvernance des entreprises, finiront tôt ou tard par être une obligation et la filière tunisienne de devoir s’y conformer. Actuellement, dans le secteur, la majorité des entreprises y sont encore réticentes.
Sauf celles soumises à cette obligation de la part de leurs partenaires. Anticiper dès à présent le process pour le réussir permettrait d’offrir des opportunités nouvelles aux entreprises tunisiennes car il s’agira à terme d’une question de survie, les normes ESG étant appelées à devenir obligatoires.
La question de l’empreinte hydrique se posera également tôt ou tard avec acuité. On a vu à Automechanika comment les industriels proposaient de nouvelles solutions techniques et technologiques pour économiser l’eau. Dans un pays comme la Tunisie où le stress hydrique est manifeste, la transparence va devoir être de mise car les sous-traitants seront concernés à terme par ce qui est encore considéré comme une directive européenne mais qui est appelée à devenir une loi obligatoire.
En Allemagne, les acheteurs depuis cette année, sont tenus de disposer de rapports de due-diligence en ce qui concerne les droits de l’homme (pas d’esclavage, pas d’emploi de mineurs, droit syndical…), de respect de l’environnement et de bonne gouvernance des entreprises avec lesquels ils traitent. L’industrie des composants automobiles en Tunisie a certes plusieurs mérites et atouts de compétitivité, il n’en demeure pas moins que pèsent sur elle des menaces règlementaires en plus des sempiternelles menaces concurrentielles.
Les ressources humaines de demain
Parmi les nouveaux formats engagés cette année par le salon, un programme et un espace spécialement consacrés à la génération Z effectué presque exclusivement à travers les réseaux sociaux. Pour les organisateurs, il s’agissait d’attirer son attention sur les opportunités professionnelles qui existent dans le monde de l’industrie automobile. A ce propos, un programme a été lancé à l’occasion sous l’appellation « Ambition » avec des présentations brèves et captivantes, des tables rondes et des spectacles en direct destinés à intéresser les jeunes aux métiers de l’automobile (Gaming, simrigs, e-sports, hypercars). Cette initiative a été prise en raison de la pénurie notoire de personnel qualifié dans l’industrie automobile.
Si les chiffres du salon parlent d’eux-mêmes pour dire que l’événement a réellement atteint les objectifs que tout visiteur ou exposant était en droit d’attendre, Automechanika a également apporté la preuve que les salons « physiques » en présentiel restent fondamentaux pour la branche de l’industrie automobile B2B et que la numérisation n’a pas encore supplanté totalement ce type de manifestations. La prochaine édition le confirmera sans aucun doute. Elle se déroulera d’ailleurs au même endroit du 8 au 12 septembre 2026.
Lire dans nos archives:
Automechanika Francfort 2018: la Tunisie partie-prenante de la grande messe de l’Aftermarket auto