Hyundai Tunisie a fini l’année 2022 sur la première marche du podium des ventes de véhicules neufs. Pour Mehdi Mahjoub, directeur général du concessionnaire Alpha Hyundai Motor, il s’agit d’un premier élément de réussite, celui-ci considérant qu’une entreprise n’est prospère que par l’investissement dans ses ressources humaines et quand elle est responsable envers son environnement.
Il y a un an, dans un entretien à Sayarti, vous aviez déclaré que 2022 serait l’année de décollage ? Estimez-vous avoir tenu vos engagements à l’égard de vos clients, de vos actionnaires et du constructeur ?
A vrai dire, l’année du décollage, c’était 2021 avec une progression enregistrée de 110% par rapport à 2020. 2022 a plutôt était l’année de la consécration ou de la récolte des fruits des efforts déployés durant ces dernières années malgré les contraintes liées au Covid et à la production. C’est important d’être numéro 1 sur le marché mais la consécration se traduit également par la consolidation de la relation avec le constructeur qui vient d’attribuer un trophée très symbolique à Hyundai Tunisie, celui de Best Marketing Award de la région Afrique et Moyen-Orient, de même que nous avons reçu une lettre de remerciements de Hyundai pour tout le travail que nous sommes en train d’effectuer.
Quant aux actionnaires, à mon avis, le plus important pour eux est d’inscrire les performances de l’entreprise dans la continuité. Ce n’était pas facile de vendre 6800 voitures en 2021. Cette performance a encore été confirmée en 2022 avec plus de 7300 unités vendues. Les actionnaires constatent ainsi que les réalisations de 2021 n’étaient pas dues au hasard. Les deux premières années (depuis la désignation de Mehdi Mahjoub à la tête d’Alpha Hyundai Motor, ndlr) étaient difficiles pour plusieurs raisons dont le Covid.
Je souligne aussi que vendre plus de 7000 voitures avec 4 agences seulement était irréalisable, sachant que le réseau représente aujourd’hui 50% des ventes de voitures et plus de 50% des ventes de pièces de rechange.
L’importance de comprendre les préférences du Tunisien
Quels ont été vos fondamentaux pour parvenir à ces résultats ?
A mon sens, il y a quatre clés de la réussite. Tout d’abord, avoir une belle marque, comme nous l’avons déjà ; Hyundai est désormais le troisième constructeur mondial. Secundo, il faut avoir une équipe performante avec les compétences requises pour chaque employé. Il est nécessaire, en outre, de développer le réseau parce que sans un réseau étendu, nous ne pouvons pas avancer. Hyundai possède maintenant un réseau de 20 agences, sachant qu’en 2019, nous n’avions que 4 agences seulement.
Il est important dans ce même registre de rappeler que le choix d’un bon partenaire est également crucial étant donné qu’un mauvais réseau nuit à l’image de marque de l’entreprise. Le quatrième élément est la conception d’une stratégie et qu’elle soit efficace pour y voir clair et disposer de repères permettant d’avancer sur les prochaines années.
Outre ces quatre éléments, j’ajoute l’importance de comprendre les préférences du Tunisien. Est-il plus sensible au design, à la sécurité, au confort, au prix ou à la motorisation ?
Comme vous l’avez mentionné, le développement du réseau est l’une des clés dans votre travail. Allez-vous continuer à l’étendre pour toucher d’autres régions ?
Pour avoir une meilleure qualité de service et pouvoir vendre plus, il est nécessaire d’être présents partout. Il y a du potentiel dans les différentes régions. Pour cela, nous continuons à renforcer notre réseau avec, bientôt, deux nouvelles ouvertures à Riadh Andalous (Ariana) et à Gabès.
La crise des semi-conducteurs qui a frappé le secteur après le Covid vous a-t-elle affectée ?
Si la capacité de production a diminué, le constructeur a aussi le choix de privilégier certains partenaires. Aujourd’hui, Alpha Hyundai Motor est justement un partenaire privilégié chez Hyundai grâce au travail de ses équipes et au sérieux vis-à-vis des clients et du constructeur. Notre travail a tout changé dans l’entreprise en quelques années. Pour le responsable régional de Hyundai, avoir aujourd’hui la Tunisie est une aubaine et une fierté.
Plus de 7300 voitures Hyundai vendues en 2022
Comment interprétez-vous la nouvelle loi de finances, particulièrement les dispositions en rapport avec la réduction des droits de douane sur l’importation des équipements de recharge des véhicules électriques ?
Le secteur de l’automobile n’est pas réellement présent dans la loi de finances 2023 contrairement à l’année dernière où il y avait les mesures liées à l’abattement des droits de consommation pour les voitures hybrides et à la suppression des droits de douane pour l’électrique. Toutefois, ces mesures n’ont pas vraiment aidé à doper les ventes des voitures électriques. Avec cette mesure en relation avec les équipements de recharge, nous constatons que l’Etat a compris l’importance de favoriser l’installation des bornes de recharge et prépare les infrastructures pour booster la vente des voitures électriques.
2023 sera l’année de la RSE pour Hyundai Tunisie
Comment voyez-vous le développement de l’électrique en Tunisie
Il y a actuellement un manque terrible de stations de recharge. Acheter une voiture électrique aujourd’hui est contraignant pour la mobilité. Il est donc temps d’investir dans l’infrastructure des bornes de recharge pour pouvoir encourager les clients. Sans une infrastructure développée, l’électrique ne pourra pas aller très loin en Tunisie. Quand les bornes de recharge seront disponibles et qu’il y aura de la demande sur les voitures électriques, nous pourrons les fournir.
J’ajoute qu’il ne suffit pas de ramener la voiture, il faut qu’il y ait d’abord de la demande. Je suis certain, notamment avec la crise de l’énergie, l’envolée des prix des carburants et les perturbations d’approvisionnement, que si l’infrastructure se développe, l’électrique pourra réussir en Tunisie. Quoi qu’il en soit, nous essayons, de notre côté, d’aider à l’introduction de l’électrique sur le marché tunisien. Pour preuve, nous avons installé récemment une borne de recharge pour nos clients dans notre atelier.
Qu’en est-il de l’hybride ?
L’hybride se vend en Tunisie beaucoup mieux que l’électrique parce qu’il n’est pas contraignant, sachant que l’hybride est parfois plus cher que l’électrique étant donné que les droits de consommation pour les voitures hybrides ne sont pas totalement supprimés.
Votre activité a-t-elle été touchée par la nouvelle loi sur l’importation des pièces ?
Les pièces détachées sont évidemment touchées. Mais la nouvelle loi sur l’importation concerne réellement 4 ou 5 articles seulement, autrement dit, tout ce qui est produit localement et soumis au contrôle technique comme les câbles, les amortisseurs, les verres et les compresseurs. Néanmoins, cette mesure pose problème pour les cas des conteneurs importés qui contiennent plusieurs types d’articles. A mon avis, si la loi avait été généralisée à l’ensemble des pièces, cela aurait eu un meilleur impact sur l’économie.
Il est vrai qu’il y a beaucoup de dépassements dans l’exercice de l’activité des pièces de rechange, mais si nous, les concessionnaires, avions été impliqués dans la réflexion avec les autorités sur cette loi, nous aurions proposé de la généraliser à toutes les pièces détachées et nous exempter de l’application de cette mesure. La raison ? Un concessionnaire n’obtient l’agrément que s’il est agréé et que le constructeur l’est aussi. Car pour pouvoir exercer notre activité, nous sommes tenus, selon la loi, de fournir aussi les pièces de rechange.
A mon sens, la seule clause qui aurait due être mise en place est d’imposer que le concessionnaire s’approvisionne uniquement auprès de son fournisseur agréé mentionné dans le contrat. Nous avons eu des réunions avec les autorités de tutelle et elles ont compris notre position. Nous avons donc convenu de l’assouplissement des procédures. L’intention est bonne mais les textes de mise en application sont à rectifier. Je dirais aussi que la décision revient toujours au gouvernement et au ministère de tutelle.
Mais avant de prendre de telles décisions, il aurait fallu nous consulter pour attirer l’attention des autorités sur des aspects qu’elles n’ont pas pris en considération. Nous ne prétendons pas être un centre de décisions, loin de là, nous nous proposons d’être un centre de consultations.
Notre travail a tout changé dans l’entreprise en quelques années.
Comment faire si le fournisseur travaille avec des sous-traitants ?
Dans ce cas de figure, l’importateur devra présenter une attestation certifiant que le sous-traitant est agréé pour la Tunisie par le fournisseur agréé.
Avez-vous constaté un changement de comportement du client à cause de la détérioration du pouvoir d’achat ?
Il y a de l’attentisme en ce début d’année. Nous n’avons pas à nous plaindre mais ce n’est pas le rush habituel. De plus, nous constatons que les clients optent de plus en plus pour les segments A et B au détriment des autres segments.
Quelles perspectives de développement de la marque Hyundai en 2023 ?
Il y aura beaucoup de nouveautés, surtout en ce qui concerne tout ce qui est écologique, c’est à dire les véhicules hybrides et électriques. Par ailleurs, il y aura, pour la première fois chez Hyundai, un lancement en février d’un nouveau modèle avec un test-drive international en Tunisie pour les journalistes du Moyen-Orient et de l’Afrique. Sur un autre plan, 2023 sera l’année de la RSE pour Hyundai Tunisie.
Celle-ci est maintenant une société bien établie et se veut une entreprise responsable envers ses employés, la société et envers l’environnement. Pour ces raisons, nous avons mis en place un département RSE avec un plan et un budget pour travailler sur ces axes. C’est une première dans le secteur. Alpha Hyundai Motor se veut aussi attractive à tous points de vue, tant pour les employés que pour les investisseurs et les clients.